- bougresse
-
bougre, bougresse [bugʀ, bugʀɛs] n.ÉTYM. 1450; v. 1260, « sodomite »; 1172, bogre « hérétique »; du bas lat. bulgarus « bulgare » (→ Bulgare), d'abord pour désigner des hérétiques de cette région (Bogomiles, etc.) auxquels on prêtait des mœurs « contre nature ».❖1 Vx. N. m. Homosexuel passif. ⇒ Sodomite. — N. Personne méprisable. || Une vieille bougresse.1 Le bougre avait juré de m'amuser six mois,Il s'est trompé de deux.La Fontaine, Épîtres, Le Florentin.♦ Employé comme insulte :1.1 Alors le perfide ne se servant plus avec moi que des plus grossières épithètes, Bou… me dit-il, reconnais-tu ce buisson d'où je t'ai tirée comme une bête sauvage pour te rendre à la vie que tu avais mérité de perdre ?Sade, Justine…, t. I, p. 95.2 (1579; d'abord péj.). Mod. fam. Drôle, gaillard. || « Trois bougres rigolent en sifflant du piccolo » (→ Bistro, cit. 3, Duhamel). || Sacré bougre !♦ Individu. ⇒ Type. || Un pauvre bougre. || Un mauvais bougre.1.2 Pauvre cher bougre, j'ai bien envie de t'embrasser.Flaubert, Lettre à L. Bouilhet, 15 janv. 1850, Corresp., Pl., t. I, p. 574.1.3 Moi (Lamendin), je ne respecte que la science créatrice, celle qui crée la vérité, la science pour grands bougres.J. Romains, Donogoo, p. 92.♦ Un bon bougre : un brave type.2 Chaque type, prends-le à part : c'est généralement un bon bougre, qui dit qu'il ne veut de mal à personne, et qui le croit.Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 144.♦ Adjectivé. || Bon bougre, mauvais bougre. || Il est bon bougre : il est brave. — (Seulement en tournure négative). || Il n'est pas mauvais bougre.3 L'hôtelier n'était point mauvais bougre; il vendait sa bibine. Le reste le laissait froid.Francis Carco, les Belles Manières, p. 62.4 M. Tortose, bon bougre, donna deux ou trois petits billets à Pierrot (…)R. Queneau, Pierrot mon ami, éd. L. de Poche, p. 27.5 Je n'avais pas envers Volkman la méfiance qui eût peut-être été normale entre nous : contre toute attente, il s'était montré assez bon bougre pendant ces quelques jours passés côte à côte.M. Yourcenar, le Coup de grâce, p. 207.3 Fam., péj. (1608, in D. D. L.). || Bougre de. ⇒ Espèce (de), bigre (de). || Ce bougre d'imbécile a tout fait échouer. || Bougre d'andouille ! || Bougre de temps.6 Ce n'est pas Bellone ? la Guerre,Nom de Dieu ! ça ne rougit guère…Qu'un champ,… un fleuve… ou le terrain;Ce n'est pas Diane chasseresse,Car cette bougre de BougresseDoit être un démon à tous crins !Germain Nouveau, Valentines, « La Déesse », 1922, Pl., p. 590.7 Ah ! la bougresse de lune ! Elle en dégage, une poésie !J. Renard, Journal, 3 sept. 1906.4 Vx. Interj. (Exprime la colère, l'étonnement, l'admiration). ⇒ Bigre, fichtre. || Bougre, que c'est cher ! || Bougre, mais c'est très réussi !8 Bougre ! tu vas te faire écraser !Zola, l'Œuvre, p. 298.➪ tableau Principales interjections.❖DÉR. Bigre, boufre, bougrement, bougrerie. — V. Boujaron.COMP. Rabougrir.
Encyclopédie Universelle. 2012.